Bombardement de Pâques 1941

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1941, la R.A.F effectue un bombardement aérien sur Brest. Ce sont les croiseurs lourds allemands de Laninon qui sont la cible de 94 bombardiers. Il y a du brouillard et beaucoup de nuage vers 23h30 quand l’alerte retentit dans la ville. 

Le bombardement

La première vague d’avions s’active dans le ciel jusqu’à 2 heures du matin, la sirène retentit pour annoncer la fin du bombardement. Mais quinze minutes plus tard, elle retentit à nouveau, une deuxième vague de bombardiers passe sur la ville. Pendant encore deux heures la ville reçoit aléatoirement les chapelets des aviateurs du Commonwealth, qui eux se débattent avec la météo peu favorable et la D.C.A allemande. Vers 4 heures du matin, le ciel se vide des appareils de la R.A.F. Quelques blessés commencent à arriver à l’hospice civil pour être soigné.  Le répit n’est que de courte durée car vingt minutes plus tard une troisième vague de bombardiers survole Brest.

Impacts des bombes sur la ville (cliquer pour agrandir)

Crédit photo – Archives de Brest (5FI00848 )

L’hospice civil

C’est lors de cette dernière vague que le drame se déroule. L’hospice civil de la rue Traverse est touché vers 4h45 par un chapelet de bombes. Il y a plus de 330 personnes à l’intérieur; vieillards, enfants, femmes venant d’accoucher, malades et personnels. Le bâtiment est durement éprouvé et les dégâts sont considérables. Il n’y avait aucun repère aérien pour indiquer aux aviateurs qu’il s’agissait d’un hospice, quand bien même ce fut le cas, la météo n’aurait sans doute pas permise de repérer ces symboles.

L’hospice civil après le bombardement

Crédit photo – Archives de Brest (2Fi02713)

Les victimes

Il y a dans le centre de Brest 69 tués à déplorer dont 55 à l’hospice civil. A ceci il faut ajouter les victimes de Recouvrance, Saint-Pierre, Saint-Marc et Lambézellec.

Hospice civil

  1. ABALEA Charles (64 ans)
  2. ABOLIVIER Yves (51 ans)
  3. ABYVEN Marie (62 ans)
  4. BALCON François (69 ans)
  5. BARS Pierre (8 ans)
  6. BOURGET Alexis (37 ans)
  7. CABIOCH Henriette (80 ans)
  8. CARADEC Jean (64 ans)
  9. CLOAREC Jean (68 ans)
  10. CLOAREC Pierre (1 an)
  11. COUCHARD Anna (75 ans)
  12. CRAVE Fernand (38 ans)
  13. DE SERIERE Marie (53 ans)
  14. DUGUY Marie (66 ans)
  15. DUROS Marie (80 ans)
  16. GOACOLOU Yves (76 ans)
  17. GOULARD Marie (68 ans)
  18. JAOUEN Ernestine (76 ans)
  19. KERBRAD Heloïse (86 ans)
  20. KERHORNOU Anne (43 ans)
  21. LE BORGNE Jeanne (80 ans)
  22. LE FRANC Gustave (69 ans)
  23. LE GALL Elisa (78 ans)
  24. LE JEUNE Jeanne (58 ans)
  25. LE MAITRE Louis (41 ans)
  26. LE PHUEZ Marguerite (10 ans)
  27. LE SAUX Catherine (66 ans)
  28. LUCAS Jean (13 ans)
  29. MADEC Marie (48 ans)
  30. MARTIN Marie (47 ans)
  31. MORVAN Angélina (60 ans)
  32. MORVAN Léontine (23 ans)
  33. NICOL Julia (61 ans)
  34. NICOLAS Anne (55 ans)
  35. OLLIVIER Catherine (57 ans)
  36. PENDUFF Jean (65 ans)
  37. PERON Jacques (67 ans)
  38. PERON Jean (68 ans)
  39. PICHON Marie-Anne (65 ans)
  40. POULLAOUEC Yves (19 ans)
  41. POULMARC’H Marguerite (78 ans)
  42. PRIGENT François (78 ans)
  43. RANCEAU Gabriel (36 ans)
  44. REGUER Augustine (30 ans)
  45. RIOU Denise (9 ans)
  46. RODRIGUES Daniel (2 ans)
  47. SANQUER Joseph (44 ans)
  48. YVINEC Jacques (76 ans)
  49. Inconnue
  50. Inconnue

Place La Tour d’Auvergne

  1. BONDER Anne (40 ans)
  2. CADIOU Gabriel (14 ans)
  3. LAVERGNE Simone (38 ans)
  4. MARTIN Claude (5 ans)
  5. MARTIN Jean (10 ans)
  6. MARTIN Maurice (12 ans)
  7. MARTIN Maurice (37 ans)
  8. MOUDENNER Monique (1 an)
  9. RIVAILLE Mélanie (64 ans)

Hôpital Maritime (rue Lannouron)

Beaucoup de blessés seront transférés après le bombardement à l’hôpital Maritime. Malgré les soins, plusieurs victimes décéderont des suites de leurs blessures.

  1. BONIFACE Joseph (54 ans)
  2. GUENOLE Françoise (26 ans)
  3. JAFFRES François (61 ans)
  4. JESTIN Yves (41 ans)
  5. KLOGOT Henri (2 ans)

Rue du Château

  1. CRENN Eugène (69 ans)
  2. FREMIN Edmond (42 ans)
  3. HARDEL Suzanne (36 ans)
  4. SALIOU Marie (20 ans)

Rue Emile Zola

  1. LE CUFF Jeanne (37 ans)

Recouvrance

  1. HASCOET Yves (45 ans)

L’enterrement à Kerfautras (cliquer pour agrandir)

Crédit photo – Dépêche de Brest

Un bombardement allemand ?

Le bombardement de l’hospice fut pour certains, imputable à l’armée allemande. Si les théories explicatives d’un tel acte sont légions, nous nous contenterons de mettre dans notre article, les éléments factuels relevés par les témoins de ce drame.

Ce fut une étrange nuit. Albert CEVAER et moi avons ressenti les mêmes impressions:

  1. Cafouillage des sirènes d’alarme. Quoi exactement ? Je ne saurai le dire; ce que je sais c’est que nous avions constaté que « ce n’était pas comme d’habitude ».
  2. Le bruit des moteurs d’avions. Nous avions acquis une solide expérience qui nous permettait de distinguer, à l’oreille, un appareil anglais d’un appareil allemande. […] Après 4h45, le bruit des moteurs n’est pas anglais…
  3. Le projecteur. Nous étions deux à avoir aperçu, l’espace d’un instant, un appareil pris dans le faisceau lumineux d’un projecteur; mais à une telle distance que toute identification était impossible. Or, au lieu de provoquer un regroupement de projecteurs comme cela se produisait systématiquement lors des raids aériens sur Brest; le projecteur découvreur de l’appareil s’est brusquement éteint… 

Lorsque nous avons appris la destruction de l’hôpital nous avons eu cette même réflexion: ça y est… J’ai compris… ! 

Alexandre LE ROUX

Peu après, un bombardement surprise fera des victimes à l’hôpital civil. Des décombres, Jo ABARNOU (ndr: résistant du groupe ELIE), commis au déblaiement, retirera des éclats de bombes frappés de… l’aigle prussien ! On mettra le crime au compte des sales anglais…

René PICHAVANT

Sources
  • La Dépêche de Brest
  • Etat-civil de Brest Métropole
  • Archives de Brest
  • Livre: Clandestins de l’Iroise (Tome 3) de René PICHAVANT – 1986
  • Livre: 42 jours de feu, d’acier et de sang d’Alexandre LE ROUX – 1995